Le Coran définit le concept de Zakât (l'aumône obligatoire) et définit les règles relatives à son paiement. Cet article présente tous les aspects de ce devoir religieux.

De quand date la Zakât ?

Selon le Coran, la Zakât fut établie dès l'époque d'Abraham :

Nous fîmes d'eux des chefs qui guidaient par Notre ordre. Nous leur révélâmes de faire le bien, d'accomplir la Salât et de donner la Zakât. Ils étaient Nos adorateurs.
Coran, 21:73



Quelle est la définition coranique de la Zakât ?

La Zakât est un paiement obligatoire que doivent s'acquitter tous les croyants qui ont des revenus. Elle est une "purification" de ses biens :

ceux qui affectent sur leurs biens un droit connu
Coran, 70:24

celui qui donne ses biens pour se purifier (yatazakka),
Coran, 92:18

Ils t'interrogent sur les boissons enivrantes et les jeux d'argent. Dis : "Dans les deux il y a un grand péché et des bienfaits pour les gens, mais leur péché est plus grand que leurs bienfaits". Ils t'interrogent sur ce qu'ils doivent dépenser. Dis : "al-`afw". C'est ainsi que Dieu clarifie les signes, afin que vous réfléchissiez
Coran, 2:219

Le mot-clé dans ce verset est le mot "al-`afw". Pour déterminer son sens, il faut chercher d'autres versets coraniques qui utilisent le même mot. Les versets suivants sont ceux qui ont nous éclairent le plus sur son sens :

Les gens du Livre te demandent de faire descendre sur eux un Livre du ciel ! Ils avaient demandé à Moïse bien plus encore quand ils dirent : "Fais-nous voir Dieu clairement". Alors la foudre les frappa pour leur injustice. Puis ils adoptèrent le veau, après que les preuves leur furent venues. Nous leur pardonnâmes cela (fa `afawna `an zalika) et donnâmes à Moïse une autorité évidente.
Coran, 4:153

Ceux qui dépensent dans l'aisance et l'adversité, qui dominent leur rage et pardonnent aux gens (al-`afeen `an an-naas). Dieu aime les bienfaisants.
Coran, 3:134

Ô vous qui avez cru, ne posez pas de questions au sujet de choses qui, si elles vous étaient dévoilées, vous nuiraient. Mais si vous posez des questions à leur sujet pendant que le Coran descend, elles vous seront dévoilées. Dieu a pardonné à leur sujet (`afa `anha). Dieu est Pardonneur, Indulgent.
Coran, 5:101

Ô vous qui avez cru, ne tuez pas de gibier quand vous êtes en état d'ihram. Quiconque parmi vous en tue intentionnellement, devra une rétribution équivalente à ce qu'il a tué, en bêtes de troupeau - en jugeront deux personnes justes parmi vous - en offrande parvenant à la Ka`aba ; ou une expiation, en nourrissant des pauvres, ou l'équivalent en jeûne. Cela afin qu'il goûte la conséquence de son acte. Dieu a pardonné ce qui est passé (`afa Allah `amma salaf) ; mais quiconque récidive, Dieu se vengera de lui. Dieu est Honorable, Vengeur.
Coran, 5:95

Selon ces versets, on peut voir que le mot "al-`afw" (et ses dérivés) est utilisé pour signifier : ce qui a été pardonné ou ce sur quoi on ferme les yeux.

Si on applique cela au mot "al-`afw" qui est utilisé en 2:219 et qui est lié au paiement de la Zakât, on voit que Dieu nous dit de payer la Zakât avec la partie de nos revenus que l'on peut abandonner sans devoir la réclamer, ou en d'autres mots ce sur quoi on peut fermer les yeux et donner sans difficultés.

Il est important de noter que Dieu n'a pas défini ou quantifié la quantité de nos revenus que nous devons donner en charité. Dieu sait que cela sera différent selon les individus et directement dépendant des revenus et des circonstances. Cela dépend également du désir de chaque personne de faire du bien. Par conséquent, Dieu laisse le soin à chaque individu d'évaluer ses propres besoins, et de décider quelle portion de l'excès de ses revenus peut être donnée en charité.



Quand doit-on payer la Zakât ?

Selon le verset 6:141, la Zakât doit être donnée "le jour de la récolte" :

C'est Lui qui a créé les jardins, ombragés et non ombragés, les palmiers et les cultures aux nourritures variées, les oliviers et les grenadiers, semblables mais non identiques. Mangez de leurs fruits, quand ils sont formés, et acquittez-en leurs droits le jour de la récolte. Et ne commettez pas d'excès, car Il n'aime pas ceux qui commettent des excès.
Coran, 6:141

Ce verset coranique nous apprend que nous devons payer la zakât dès que nous recevons un revenu. Les Musulmans qui suivent des lois non-coraniques, corrompues, ont oublié cet ordre important ; au lieu de cela ils calculent et ne donnent la zakât qu'une fois par an, sur le montant de l'épargne. Ce qui induit des calculs compliqués pour savoir quelle partie de l'épargne est réellement restée en leur possession une année.

On peut voir dans ce commandement coranique, de payer la Zakât dès qu'il y a une rentrée d'argent, une sagesse bénéfique sur le plan économique. Un des facteurs qui contribue à la prospérité économique est la circulation de l'argent. Une circulation plus importante induit plus de productivité. Si la zakât est payée dès qu'un revenu est généré l'économie en bénéficiera beaucoup plus que si la zakât n'est payée qu'une fois par an.



Qui doit payer la Zakât ?

Le Coran donne encore une réponse claire à cette question. La zakât n'est due que par ceux qui ont de l'excès après avoir subvenu à leurs besoins fondamentaux (nourriture, habits, maison, médicaments etc.). Si payer la zakât induit de réelles difficultés, alors il n'est plus obligatoire de la payer.

Ils t'interrogent sur les boissons enivrantes et les jeux d'argent. Dis : "Dans les deux il y a un grand péché et des bienfaits pour les gens, mais leur péché est plus grand que leurs bienfaits". Ils t'interrogent sur ce qu'ils doivent dépenser. Dis : "al-`afw" (l'excédent de vos biens). C'est ainsi que Dieu clarifie les signes, afin que vous réfléchissiez
Coran, 2:219

Cela est confirmé par le verset suivant où Dieu nous dit qu'Il ne veut pas nous imposer de difficultés dans la pratique de la religion :

Luttez pour Dieu avec tout l'effort qu'Il mérite. C'est Lui qui vous a choisis. Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, la doctrine de votre père Abraham, lequel vous a auparavant nommés soumis, et pour que, en cela, le messager soit témoin envers vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins envers les gens. Accomplissez donc la Salât, donnez la Zakât et attachez-vous fortement à Dieu. C'est Lui votre Maître. Quel Excellent Maître ! Quel Excellent Secoureur !
Coran, 22:78



A qui doit-on donner la Zakât ?

Le Coran liste les destinataires de la zakât dans le verset suivant :

Ils te demandent ce qu'ils doivent dépenser. Dis : "Ce que vous dépensez de bien devrait être pour les parents, les plus proches, les orphelins, les nécessiteux et les sans-abris". Tout ce que vous faites de bien, Dieu en est Connaissant.
Coran, 2:215

Certains "savants" ont précisé que la zakât ne devait être donnée qu'à des Musulmans, mais cette restriction n'a aucune référence coranique.



Est-ce que le Coran fixe un taux précis pour la Zakât ?

La réponse la plus simple est NON. Nul part dans le Coran nous ne trouvons la moindre allusion à un taux fixe. Le taux de 2,5% qui est suivi par les Musulmans ne se trouve pas dans le Coran. La source de cette pratique, comme bien d'autres, ne se trouve que dans les recueils de 'hadiths'. Nous avons vu que le Coran définit la zakât à partir du mot "al-`afw", ce qui correspond à ce que la personne est capable de donner sans que cela lui procure la moindre difficulté. Il est évident que cette somme sera différente d'une personne à l'autre, en fonction de ses revenus.

Et donne son droit au proche, au nécessiteux et au sans-abri. Et ne gaspille pas avec prodigalité.
Les gaspilleurs sont les frères des diables, et le diable est dénégateur de son Seigneur.
Si tu te détournes d'eux, recherchant une miséricorde de Ton Seigneur que tu espères, adresse-leur quand même une parole bienveillante.
Ne garde pas ta main enchaînée à ton cou, et ne l'ouvre pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé, plein de remords.
Coran, 17:26-29

On comprend des mots "Et donne au proche parent ce qui lui est dû" que le sujet ici est la zakât. Le verset 29 prend alors tout son sens. Nous ne devons ni être avare ni gaspilleur. Si Dieu avait fixé un pourcentage (comme 2,5%) pour le paiement de la zakât, est-ce qu'Il nous dirait de ne pas être avare ni gaspilleur ? Ces mots nous indiquent de façon claire que le pourcentage n'est pas fixé, et qu'il en du ressort de chaque individu.



L'importance de la Zakât

Le Coran accorde une grande importance à la zakât ; le Très Miséricordieux a associé Sa Miséricorde à ceux qui paient la zakât :

Et prescris pour nous le bien ici-bas ainsi que dans l'au-delà. Nous voilà revenus repentants à Toi". Il dit : "Mon châtiment frappe qui Je veux, et Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai pour ceux qui se prémunissent, donnent la Zakât, et pour ceux qui croient en Nos signes,
Coran, 7:156

Nous lisons également dans le Coran que le paiement de la zakât par les croyants établit une grande différence entre eux et les idolâtres :

Dis : "Je ne suis qu'un être humain comme vous. Il m'est révélé que votre divinité est une divinité unique. Soyez droits envers Lui et demandez-Lui pardon". Et malheur aux associateurs
qui ne donnent pas la Zakât et qui sont, envers l'Au-delà, dénégateurs !
Coran, 41:6-7



Y a-t-il plusieurs Zakâts ?

Une nouvelle fois, certains "savants", prêchant une version de l'Islam qui est basée sur des hadiths plutôt que sur le Coran, ont inventé d'autres types de zakât comme celle de l'Aïd al-Fitr (à la fin du Ramadan). Cela n'a aucune base coranique. Le seul moment donné par le Coran pour payer la zakât est lorsqu'on reçoit un revenu. La Zakât coranique autorisée par Dieu n'est liée à aucun jour spécifique ni à aucune fête ou occasion particulière.

Article original : al-zakat